Femmes dans la littérature française.
Vous les connaissez?
Marie
de France
Elle a vécu dans la seconde moitié du XIIe siècle, à
la cour de Henri II d´Angleterre et d´Alienor d´Aquitaine. Elle
a écrit, entre autres, des ìLAISî.
Le mot ìlaiî, qui signifie ìchansonî, a d´abord désignée une
oeuvre musicale, exécutée par les musiciens bretons sur un thème
tiré des vieilles legendes de leur pays.
Dans ses lais, Marie de France nous transporte dans un monde mystérieux où
les hommes se muent en animaux, où les bêtes parlent et les objets s´animent,
où règnent les fées et les magiciens et où les héros
accomplissent des exploits surhumains.
Elle y fait une peinture très délicate de sentiments et la femme y
est une créature aimante et fidèle, prête à se sacrifier
pour le bonheur de l´être aimé.
Voici le resumé du contenu du lai du Laostic (rossignol):
Un jeune baron tombe amoureux de la femme de son voisin, mais ne peut l´approcher
car elle est étroitement gardée. Les deux amants sont constamment à
leur fenêtre, à se contempler et à se parler. Ils gardent jalousement
le secret de leur amour. Elle, la dame, se tient si souvent à la fenêtre
et elle se lève si souvent la nuit qu´un jour le mari, jaloux, s´irrite
et lui demande pourquoi elle se lève et où elle va.
Elle lui répond qu´elle entend chanter le laostic et que le chant de
celui-ci la rend heureuse et libre. Le mari fait tuer le laostic, la dame recueille
le petit corps de l´oiseau mort et pleure amèrement. Elle sait qu´elle
ne pourra plus se lever la nuit et elle envoie un valet lequel doit livrer l´oiseau,
enveloppé en une pièce de satin, à son ami. Quand l´ami
reçoit le message du valet, il place le laostic dans un coffret qu´il
portera toujours avec lui.
Mme
De La Fayette [1634]
Née à Paris en 1634, Marie-Madeleine Pioche De La Vergne reçoit
une éducation à la fois littéraire et mondaine.
En 1655, elle épouse le comte de La Fayette, qu´elle accompagne dans
ses terres d´Auvergne. Elle revient définitivement à Paris en
1659 et se consacre à l´éducation de ses enfants, aux relations
mondaines et à la littérature.
La vie de cour, brillante sous les derniers Valois, devient si grossière sous
Henri IV que, vers 1600, les courtisans prennent l´habitude de se réunir
dans les salons de quelques hôtels aristocratiques où il y a de Grandes
Dames et où l´on s´occupe de littérature et d´autres
sujets. En 1610 l´assassinat du roi et les troubles de la Régence ralentissent
la vie mondaine. Le rétablissement de l´ordre par Richelieu favorise
la vie des salons et ceux-ci reprennent leur activité.
Madame de Lafayette fréquente de bonne heure ces salons, en particulier l´Hôtel
de Rambouillet.
Son salon de la rue de Vaugirard réunit des membres de la haute société
et des doctes.
Madame de La Fayette est le type même de la femme savante sans être pédante
et de la précieuse qui n´est nullement ridicule.
Elle meurt en 1693 après avoir joué un rôle diplomatique important
dans les relations entre la France et la Savoie.
En 1678 paraît, sans nom d´auteur, le chef d´oevre de Mme De La
Fayette, le premier roman d´analyse français, La Princesse de Clèves.
Son attribution à Mme De La Fayette a été parfois contestée
mais à cette époque une grande dame ne pouvait guère avouer
officiellement qu´elle avait publié un roman.
Le grand mérite de l´auteur est d´avoir su concilier dans cette
oeuvre la subtilité romanesque de l´esprit précieux et la vérité
sobre et éternelle du classicisme.
ìMme de Clèves avait ouï parler de ce prince à tout le monde,
comme de ce qu´il y avait de mieux fait et du plus agréable à
la cour; et surtout Mme la Dauphine le lui avait dépeint d´une sorte,
et lui avait parlé tant de fois, qu´elle lui avait donné de la
curiosité, et même de l´impatience de le voir. (...)
La reine les interrompit pour faire continuer le bal: M. De Nemours prit la reine
Dauphine. Cette princesse était d´une parfaite beauté, et avait
paru telle aux yeux de M. De Nemours, avant qu´il allât en Flandre; mais
de tout le soir, il ne put admirer que Mme de Clèves. (...)î (La Princesse
de Clèves).
George Sand [1804]
Elle est née à Paris en 1804. Son vrai nom c´était Aurore
Dupin, George Sand c´est le pseudonyme qu´elle a choisi pour signer ses
oeuvres. Du temps de sa jeunesse elle mène une vie très agitée,
très libre et parfois scandaleuse à cause de ses amours avec plusieurs
hommes célébres aussi tels que Musset ou Chopin entre autres.
De 1832 à 1840 Geoge Sand traduit dans ses romans les orages de la passion
qui agitent sa vie. Elle y exprime aussi des revendications féministes et
sa révolte contre les impératifs et les préjugés sociaux.
A partir de 1840 elle publie quelques romans d´inspiration socialiste mais
c´est déjà à partir de son installation à Nohant
en 1839 que ses sentiments démocratiques prennent la forme plus concrète
d´un vif intérêt pour les paysans du Berry, qu´elle a appris
à connaître dès son enfance.
Elle va évoluer du romantisme exalté de sa jeunesse à un socialisme
sentimental et humanitaire. Elle a tendance a embellir la réalité et
à idéaliser ses personnages mais plusieurs de ses ouvrages, ìles romans
champêtresî( La Mare au diable, François le Champi, La Petite Fadette,
Les Maîtres Sonneurs) en particulier, continuent de charmer le lecteur grâce
à une intrigue attachante et bien conduite, le pittoresque des moeurs et des
traditions rustiques et ces paysans capables de faire revivre chez le lecteur la
fraternité humaine, par delà les différences de fortune, d´éducation
et de culture.
Anne de Noailles [1846-1933]
La Belle Époque a exalté le mythe de la Femme. Plusieurs femmes y ont
joui de renommée littéraire, parmi celles-ci, une poétesse de
talent, Anne de Noailles. Elles est devenue célèbre dès la publication
des poèmes ìLe Coeur innombrableî. Sa poésie passionnée, romantique,
sensuelle, frémit d´une belle audace féminine.
ìJe me suis appuyée à la beauté du Monde
Et j´ai tenu l´odeur des saisons dans mes
/ mainsî
(Offrande à la Nature)
ìJe m´appuierai si bien et si fort à la vie,
D´une si rude étreinte et d´un tel serrement
Qu´avant que la douceur du jour me soit ravie
Elle s´échauffera de mon enlacement...î
(Le Coeur innombrable: l´empreinte)
Colette [1873]
Gabrielle ñ Sidonie Colette est née le 28 jambier 1873 aux confins de la Bourgogne
et du Morvan, à Saint-Sauveur-en-Puysage (Yonne). Elle meurt en 1954.
Colette s´est formée au contact de la nature bourguignonne. Fille d´un
capitaine invalide de guerre et d´une mère, Sido, sensible et pittoresque,
à dix-huit ans elle quitte le paradis de son enfance et adolescence pour devenir
la compagne d´un boulevardier parisien plus âgé qu´elle,
Willy, écrivain et journaliste à la mode. Elle doit faire face à
l´échec conjugal. En 1906, Colette divorce; elle obtient le droit de
signer ses livres jusqu´alors publiés sous le nom de Willy. Un second
mariage, avec Henry de Jouvenal, se révèle à peu près
aussi malhereux que le premier. Un beau texte date de cette période: ìLes
Vrilles de la vigneî [1908].
Durant les quatre années de guerre, Collette mûrit son oeuvre.
On trouve dans ses oeuvres des thèmes tels que les bêtes (La Paix chez
les bêtes), la femme qui défend son indépendance dans un monde
masculin (Mitsou), l´étude des rapports entre l´homme et la femme
ou ìla guerreî des deux sexes (Chéri, La Fin de Chéri, La Chatte).
L´instinct, la volupté, le désir assouvi, tels sont pour Colette
les ressorts de l´être. Dans la sensibilité aux choses de la nature
repose la source de toute philosophie. Fille de la terre, Colette croit possible
de récupérer le bonheur de son premier état dans l´harmonie
avec le monde.
ìIl y avait dans ce temps-là de grands hivers, de brûlantes étés.
J´ai connu, depuis, des étés dont la couleur, si je ferme les
yeux, est celle de la terre ocreuse, fendillée entre les tiges du blé
et sous la géante ombrelle du panais sauvage, celle de la mer grise ou bleue.
Mais aucun été, sauf ceux de mon enfance, ne commemore le géranium
écarlate et la hampe enflammée des digitales...î (Sido)
Simone de Beauvoir [1908]
Après une agrégation de philo-sophie, Simone de Beauvoir entre dans
l´enseignement. Compagne de Sartre, elle quitte comme lui ce métier
à la fin de l´occupation allemande pour se consacrer entièrement
à la littérature. Ses premiers essais se situent dans la mouvance sartrienne.
Des thèmes plus personnels, bien que marqués par la mode existentialiste,
se font jour dans les oeuvres de fiction, notamment ìL´Invitéeî [1943]
qui offre une nouvelle image de la femme.
La pensée féministe de Beauvoir trouve son plein épanoussement
dans ìLe Deuxième Sexeî [1949], une magistrale étude sur les différents
aspects de l´aliénation féminine. Selon l´auteur, la procréatrice
a été de toute antiquité soumise à l´artisan, à
l´homme qui fabriquait des objets tandis que la femme enfantait. Plus tard,
la plus grande victoire masculine a été sans doute d´imposer
l´idée que le sort de la femme était lié à une
fatalité irréversible. Mais en dépit, ou à cause de sa
mauvaise foi, l´homme ne peut se délibrer de sa culpabilité originelle.
Aussi écrit Simone de Beauvoir, ìOn ne naît pas femme; on le devientî.
La femme, en tant que sujet d´une condition infériorisée, est
créée de toutes pièces par sa formation et son éducation.
Cette analyse devait fortement enfluencer et soutenir, dans la suite, le mouvement
féministe.
Avec le roman publié en 1954, ìLes Mandarinsî, Simone de Beauvoir atteint
une forme de célébrité: il s´agit du témoignage
le plus accompli sur les moeurs intellectuelles du temps, sur les débats éternellement
recommencés avec les communistes.
A travers ses dernières oeuvres, comme ìLa Femme rompueî, elle relance son
combat pour les femmes. Elle a aussi le mérite de mettre en lumière
toutes les contradictions des intellectuels de l´après-guerre soucieux
d´action et épris d´une morale à redéfinir.
Marguerite Yourcenar [1903]
Née de père français et de mère belge, Marguerite Yourcenar
(1903-1987) poursuit à Bruxelles, puis en France, des études classiques.
En 1949, elle s´installe aux États-Unis, sur l´île de Mount
Desert. C´est la qu´elle va élaborer une oeuvre dense et exigeante,
alliant l´erudition à la méditation philosophique. En 1951, le
succès international des ìMémoires d´Hadrienî lui permet d´élargir
son public et son audiance. Après l´Antiquité, c´est La
Renaissance qu´elle fait revivre dans ìL´Oeuvre au noirî [1968], avant
de s´intéresser à sa propre histoire et à ses ascendants
dans une ample trilogie qu´elle a intitulée ìLe labyrinthe du mondeî,
et dont le dernier volume, ìQuoi? L´éternitéî, paraît de
façon posthume en 1988.
Adolescentes de la Grande Guerre
ìJe venais d´avoir quatorze ans. L´année poursuivait son cours;
quelques mois plutôt, et avec trois ans de retard sur le folklore de l´eternelle
fraternité d´armes, les Américais déclaraient la guerre
à l´Allemagne (ìLa Fayette, nous voilà!î). Lawrence d´Arabie
prenait Aqaba; la troisième bataille d´Ypres, la deuxième bataille
de L´Isonzo, la deuxième bataille de Verdun dans leur ressassement d´obus
éclatés, de corps déchiquetés et de sang versé.
Le Mont-Noir, dont le château depuis quatre ans ne nous appartenait plus, occupé
par un état-major britannique, avait été conséquemment
bombardé; cette bâtisse de briques n´était plus qu´un
squelette entouré plus tragiquement encore de grads squelettes d´arbres.
Michel parlait à peine de tout cela. Il lui semblait qu´une catastrophe
-qui en fait dure encore- s´était abattue sur le monde, et avaient emporté
la raison humaine...î
(Quoi? L´Éternité)
Marguerite Duras
[1914]
Née en 1914 à Gia Dinh, en Indo-chine (Vietnam), où elle passe
son enfance et son adolescence, Marguerite Duras traduit en littérature cette
situation dans deux récits: ìUn barrage contre le Pacifiqueî [1950] et ìLe
Vice-Consulî [1965].
En France depuis 1927, Marguerite Duras se rapproche, dès ìLes Petits Chevaux
de Tarquiniaì [1953] du Nouveau Roman. Le récit dialogué prime dans
ses oeuvres, où les person-nages tentent d´échapper à
la solitude par l´amour fou ou le crime (Moderato cantabile, 1958; Le Ravissement
de Lol V. Stein, 1964; L´Amante Anglaise, 1967; L´Amant, 1984).
Marguerite Duras touche à tous les genres: le roman, mais aussi le théâtre
(Le Square, 1965; Des journées entières dans les arbres, 1968; Détruire
dit-elle, 1965; L´Amante anglaise 1968; Savannah Bay, 1982) et le cinéma
(scénarios ou films ) avec en particulier Hiroshima mon amour [1960], Une
aussi longue absence [1961], India Song [1975], Baxter, Vera Baxter [1976] et Le
Camion [1977].
Une autre Duras, s´est affirmée plus tard, la journaliste qu´elle
a toujours été qui élève le journalisme à la dignité
de l´écriture (L´été 80 et Les Yeux verts).
Les textes de Duras s´apparentent de plus en plus à un découpage
cinématographique, et c´est peut-ètre là l´une des
raisons de son retentissement: texte contemporain, simple et multiple, comme stéréophonique,
qui donne à voir et à entendre à partir d´un travail sur
les voix. Certaines phrases extraites des Parleuses (ìLa femme c´est le désir.
On n´écrit pas du tout au même endroit que les hommes. Et quand
les femmes n´écrivent pas dans le lieu du désir, elles n´écrivent
pas, elles sont dans le plagiat.î) pourraient faire croire que la parole de Duras
est une ìparole de femmeî; et s´il est vrai qu´elle s´est retrouvée
pour un temps aux côtés des militantes féministes et des tenantes
d´une écriture spécifiquement féminine, on ne saurait
réduire son oeuvre à l´illustration de ce point de vue. Elle
ne coïncide avec lui que dans la mesure où il incarne la révolution,
l´espoir d´une transformation sociale, que Duras, après une expérience
malheureuse dans les rang du parti communiste, croira retrouver en mai 68: ì Je crois
à l´utopie politique.(...) Il n´y a qu´à tenter des
choses, même si elles sont faites pour échouer. Même échouées,
ce sont les seules qui font avancer l´esprit révo-lutionnaire.î (Le
Camion, suivi de ìEntretiens avec Michelle Porteî, 1979).
María
I. Marcos León
Profesora de Lengua Francesa
Nosotr@s: Igualdad de opotunidades
Proyecto de Innovación Educativa / 2002
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